Posté: 19 mai, 2016
La Communion mondiale : pourquoi est-elle importante ? Explorer notre engagement commun à être une famille à l’échelle du monde
Les membres de la Conférence Mennonite Mondiale se sont engagés à être une communion de foi et de vie à l’échelle du monde (koinonia). Nous cherchons à être une communion transcendant les frontières de nationalité, de race, de classe, de sexe et de langue. Pourtant, en raison de leur diversité, les églises membres ont une compréhension différente de l’importance de la communion mondiale.
L'édition d'avril 2015 de Courier / Correo / Courrier explore les raisons pour lesquelles les communautés anabaptistes du monde entier se réunissent pour former la CMM. Dans les articles qui suivent, les auteurs réfléchissent à la question : Pourquoi mon assemblée locale ou régionale a t-elle besoin d’une communion mondiale ?
Quand j’étais enfant, la cuisine de ma mère avait un toit de chaume avec un orundu – un petit jardin derrière la cuisine où poussaient toutes sortes de légumes. L’orundu était aussi un ‘terrain d’essai’ pour tester de nouvelles semences. Ensuite, seulement, les nouvelles plantes étaient cultivées dans le puodho, un jardin plus grand, ou à la ferme.
Un orundu bien entretenu ne suffit pas pour nourrir une famille ; cependant le puodho pousse à partir de l’orundu à bien des égards. Pendant mon enfance, l’orundu nourrissait notre famille en attendant que les cultures arrivent à maturité dans le puodho. Il était plus facile de s’occuper de l’orundu qui était plus près que le puodho, plus grand, mais éloigné de la ferme et qui demandait plus de travail, même si les récoltes étaient plus abondantes.
L’orundu et le puodho sont des images du lien entre assemblée locale et famille mondiale de l’Église. Plus important encore, cette image représente la manière dont le mondial dépend du local, et vice versa – ce que j’appelle exister de manière interdépendante.
Les termes « mondial » et « local » sont intrinsèquement interdépendants, notamment au sein de l’Église, communauté de croyants unis par la foi en Dieu. En tant que pasteure et représentante régionale de la CMM, mes domaines d’orundu sont de deux ordres : le Eastleigh Fellowship Centre (CEF), une petite paroisse mennonite de l’est de Nairobi (Kenya), et la communauté mennonite d’Afrique orientale. Mes responsabilités sont lourdes (d’autant plus qu’elles sont bénévoles). Cependant, la beauté de la communion en Jésus-Christ et l’interdépendance des communions locales et mondiales valent bien tous les efforts.
À la paroisse de l’EFC, nous louons Dieu par des chants de louange, la prière, la prédication, la communion fraternelle, les visites, les enseignements et l’école du dimanche, dans une région où la majorité des gens sont musulmans d’origine somalienne. Ce n’est pas seulement un contexte difficile, mais c’est parfois désolant. Nous apprécions la diversité de notre région et reconnaissons que tous les peuples sont créés par Dieu. Cependant, concernant la foi, nous avons besoin de la communauté plus large – une communauté mondiale dans laquelle nous sommes liés à des frères et sœurs en Christ du monde entier, une communauté qui va au-delà de notre région, dans laquelle nous sommes une minorité religieuse. Notre orundu végétera si nous ne recherchons pas constamment courage, force et réconfort en Dieu à travers l’existence et l’encouragement de la communauté plus large.
Notre affiliation régionale à la communauté mennonite d’Afrique orientale facilite nos liens avec le monde. Notre partage au niveau régional nous permet de mieux nous identifier à la communauté mondiale et d’y participer. Sans la communauté internationale, les caucus régionaux n’auraient aucun sens. Ce sont des intermédiaires efficaces entre le local et le mondial et ils les maintiennent connectés. Les évêques, les bureaux exécutifs et les divers départements au niveau national de l’Église mennonite du Kenya et de Kanisa la Mennonite Tanzania (église mennonite de Tanzanie) jouent un rôle essentiel pour guider les croyants vers un but commun : être un seul corps, le corps du Christ (1 Co 12/27).
Quels avantages y a t-il à avoir des liens entre le local et le mondial ? D’abord, l’harmonie. Les sociologues identifient le concept de ‘l’autre’ ou de ‘l’altérité’ comme une force de division. Cette altérité n’est pas innée, mais construite. On décide de ce qui est ‘différent’ et on l’exclut. Cela peut être très destructeur dans le corps du Christ. En tant que chrétiens, nous sommes unis en Jésus-Christ, et cela devrait être notre objectif, indépendamment de nos différences géographiques, culturelles et raciales, ou même de déséquilibres économiques et de crises politiques. Nous devrions faire des efforts particuliers pour déconstruire toutes les forces de l’’altérité’ dans l’église afin qu’un ‘autre, un opprimé’ puisse trouver sa place parmi nous comme ‘un autre, un accueillant’. Par exemple, le fait que la CEF coexiste en harmonie avec une communauté à majorité non chrétienne ne doit pas passer inaperçu.
Notre Église mondiale doit se tenir aux côtés des minorités qui luttent dans des domaines où l’Évangile est menacé. Il est temps de réexaminer la relation entre la théologie et l’économie. L’Église mondiale devrait orienter ses objectifs vers le bien-être de ses membres. C’est certainement une énorme responsabilité, mais Jésus a clairement dit qu’il n’est pas facile d’entrer dans le Royaume de Dieu (Mt 18/3-4, Mc 9/47, Lc 18/24-25), pourtant nous pouvons tout par Christ qui nous fortifie (Phm 4/3).
Un autre avantage est l’identité. Ayant assisté et participé à un certain nombre de forums de la CMM, je peux attester qu’un grand effort est fait pour développer une identité commune. La formulation de théologies et de terminologies théologiques soulignant l’unité plutôt que l’homogénéité est d’une importance primordiale.
Lorsque nous participons à des forums mondiaux de l’Église, nous en sortons renforcés, nous désirons ensuite reformuler nos catégories sociales pour fortifier l’identité commune de corps du Christ. Avoir une identité commune ne nous oblige pas à essayer d’être homogène. Mais cela nous permet de sortit de nos zones de confort pour nous tourner vers une communion fraternelle qui a du sens. Nous pouvons véritablement identifier et tenter de remodeler positivement nos catégories sociales lorsque nous participons à la communauté mondiale.
Accords, désaccords et négociations sont utiles pour remodeler notre identité. Nous ne devons pas nous tenir à l’écart de la communion par crainte de ces conflits sains, sinon nous fermons la porte à la communion avec Dieu. Le résultat c’est que nous adaptons nos comportements et notre image de nous-mêmes fondées sur nos interactions, et sur nos réflexions sur ces interactions.
En conclusion, alors que nous préparons cette année le prochain Rassemblement de la CMM, nous ne devrions pas nous attarder à des perspectives libérales, conservatrices ou entre les deux. Au lieu de cela, notre mot d’ordre doit être ‘la communion du Corps du Christ’. Nous avons besoin de l’orundu et du puodho, locaux et mondiaux. Nous avons besoin les uns des autres.
Rebecca Osiro est pasteure et théologienne. Elle est la première femme ordonnée de l’Église mennonite du Kenya. Représentante régionale de la CMM pour l’Afrique orientale et membre de la Commission Foi et Vie de la CMM, elle a représenté la CMM dans le dialogue trilatéral entre mennonites, catholiques et luthériens.
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