Posté: 31 mai, 2017
« Ne pleure pas », m’a dit un membre de mon église quand j’ai perdu un parent de manière tragique. « Lis ce verset de la Bible », continua-t-elle. Cependant, je ne pouvais pas entendre ses paroles. J’avais besoin d’une personne capable de m’écouter, prête à pleurer avec moi, prête à m’accompagner pendant ces jours de profonde douleur. Je n’avais pas besoin de leçon biblique – j’avais besoin d’un(e) ami(e).
« Je ne crois pas aux psychologues », m’a dit le pasteur d’une assemblée locale il y a quelques années. « Les gens doivent savoir obéir à la parole de Dieu plutôt que de dépendre de ce que dit quelqu’un. Donner des conseils engendre la dépendance ». Des années plus tard, j’ai entendu un membre de sa paroisse exprimer son ressentiment pour la solitude et l’abandon qu’il a ressenti pendant la phase terminale de la maladie d’un parent. Où était son pasteur dans ces moments difficiles de souffrance, d’interrogation et de désespoir ?
Nous avons besoin de quelqu’un qui nous accompagne pendant les périodes difficiles. Nous avons besoin du soutien d’autrui quand nous connaissons des conflits, la maladie et le décès, quand nous avons des ressentiments. Nous avons besoin de la compagnie de personnes sages pour nous aider à identifier nos faiblesses et nos forces, et à en découvrir les causes. Nous avons besoin de conseils centrés sur Christ en matière de sexualité et sur la manière de gérer notre argent, et aussi de discernement dans les moments cruciaux de prise de décision dans nos vies : se marier, élever des enfants, choisir une profession, prendre sa retraite etc.
En d’autres termes, c’est de discipulat nous avons besoin. L’accompagnement spirituel ne donne pas de conseils ni ne dit ce qu’il faut faire ou pas ; mais marcher avec les autres de manière à les aider à prendre des décisions basées sur leur engagement à suivre le Christ, c’est cela le discipulat. C’est l’imitation du Christ dans notre vie quotidienne, et pour ce faire, nous avons besoin de l’accompagnement compatissant d’autres membres de notre communauté et du soutien de personnes formées à aider à faire face à des problèmes spécifiques.
Aujourd’hui, dans les cercles chrétiens, le discipulat a pris différents noms : coaching, thérapie, accompagnement spirituel, mentorat etc. Cela montre à quel point il est nécessaire de trouver des personnes ayant des compétences dans des domaines spécifiques du discipulat. La dépression, par exemple, ou la dyslexie sont des difficultés nécessitant une personne formée et spécialisée.
En fait, chacun d’entre nous a la merveilleuse occasion d’accompagner les autres dans leur processus de discipulat. Même dans des moments très difficiles, nous pouvons rester proches de ceux qui souffrent, en étant compatissants sans offrir des platitudes ou des conseils. Juste écouter. De nombreuses paroisses du Sud, qui vivent dans un contexte de violence et de souffrance, apprennent à soutenir les personnes par une écoute active. Elles ont découvert le pouvoir de guérison dans le simple fait d’être présent pour les autres sans les juger. Encore une fois, la compassion est devenue l’essentiel.
Cependant, dans le Sud, dans de nombreux endroits, le besoin de ministères spécialisés dans l’accompagnement est énorme. Comment aborder la maladie mentale ? Comment aider dans le processus de guérison de la mémoire nécessitant des compétences spécifiques ? Comment les énormes ressources du Nord peuvent-elles être partagées avec nos églises du Sud ? Je parle ici des ressources éducatives dans les domaines de l’accompagnement psychologique, de la résolution des conflits, du mentorat, de la thérapie, etc.
Ce numéro de Courier est une humble initiative pour inviter nos églises à parler davantage de ces questions et à le faire de façon multiculturelle. Il nous faut partager nos ressources éducatives, nos expériences et nos besoins, afin de mieux répondre ensemble à notre appel au discipulat.
Que Dieu guide nos églises dans le monde entier à marcher avec compassion, à être des communautés de guérison prenant au sérieux leur appel au discipulat.
—César García, secrétaire général de la CMM, travaille au siège social de Bogotá (Colombie).
Cet article est paru pour la première fois dans le numéro d’avril 2017 de Courier/Correo/Courrier.
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